Par Jean-René Le Brodeur, chercheur
En guise de préambule, commençons par un simple rappel.
L’âge du Kali Yuga s’étale sur 432,000 ans.
La grande année sidérale couvre 25,920 ans.
Une année sidérale se divise en douze ères de 2,160 ans chacune.
Les ères sont divisibles en douze périodes de 180 ans chacune.
Les périodes sont divisibles à leur tour en douze phases de 15 ans chacune.
L’astrologie des ères
L’astrologie des ères est une science qui a pour but de mieux comprendre les temps forts de l’histoire planétaire. À l’aide des paramètres usuels des signes astrologiques, elle explique pourquoi et comment certains types d’événements se sont produits et comment les grands acteurs de ces diverses périodes ont été fortement influencées par les énergies en présence. Si nous nous mouvons toujours dans la matrice du Kali Yuga – âge du fer, âge de la guerre – nous nous dirigeons petit à petit vers le Sathya Yuga, âge durant lequel la guerre aura été bannie. Malgré les vicissitudes actuelles, nous pouvons avoir de l’espoir, car l’ère des Poissons-Vierge aura eu à tout le moins une incidence notable dans la conception des guerres qui devinrent mondiales mais qui permirent la création d’instances visant à contrer leurs effets pervers – la Société des Nations et l’ONU notamment. Somme toute, l’ère des Poissons-Vierge aura démontré l’inanité de toutes les guerres et le désir urgent de la majorité des Terriens de pouvoir vivre dans la paix.
L’efficience du modèle proposé
Pour bien comprendre l’efficience du modèle proposé ci-après, il importe d’établir, en premier, le cadre de référence dans lequel il opère. Et ce cadre de référence, c’est la période historique appelée « ère zodiacale » et les sous-cycles qui la composent. Le modèle dont nous nous inspirons est basé sur la division par douze d’une structure temporelle. Il renoue avec le système des dodécatémories ou division par douze d’un signe zodiacal, division qui, on le sait, segmente un signe en douze parties de 2° 30’ chacune. Rudhyar a fortement insisté sur la division par tranches de 180 ans de l’ère des Poissons-Vierge. Nous avons repris son modèle de division en modifiant cependant son point de départ que nous avons ramené à l’an 150 avant Jésus-Christ. Comme nous allons nous efforcer de le démontrer, le principe opératoire de l’astrologie des ères consiste à établir un rapport analogique entre le rythme universel et le rythme humain. Si l’hypothèse est légitime, il faudra que la formule symbolique résumant l’observation des faits et la forme symbolique résumant le cycle de manifestation de l’archétype concordent l’un l’autre. En d’autres termes, il doit y avoir nécessairement une analogie dans la psychosphère planétaire et le patron astrologique ou matrice d’influence propre au système des dodécatémories.
La période Bélier – première période de l’ère des Poissons-Vierge -–, installe confortablement, il va sans dire, l’hégémonie de l’Empire romain. Si les désirs d’extensions territoriales, de maîtrise des mondes terrestres et maritimes s’inscrivent dans cette période, il faut aussi prendre en compte l’apport du deuxième régent du signe : Mercure. Son influence sera marquante à bien des égards. Il y a d’abord l’art oratoire qui décline et son raffinement. Lui succède un style oratoire plus direct, moins subtil, plus enclin à des joutes de rhétorique plus ou moins disgracieuses. L’histoire, la science et l’érudition commencent à se faire une place avec Salluste, Cornélius Népos et Varron notamment. On ne peut passer sous silence par ailleurs la contribution intellectuelle d’un Virgile, Horace et Tite-Live pour ne citer que ces derniers dont les œuvres sauront traverser le temps. Dernière considération sur cette période. Octave, vainqueur à Actium, fera d’Apollon son modèle et protecteur. L’analogie avec le signe du Bélier est on ne peut plus implicite. Octave en prenant Apollon comme modèle se voulait porteur d’un message pour la jeunesse. N’avait-il pas été qualifié de divinus adolescens par Cicéron[1]? Le champ analogique Soleil/Apollon, signe de l’exaltation du Soleil et de la jeunesse bouillonnante s’avère totalement probant à travers les idiosyncrasies rémanentes de cette période.
La puissance d’infusion des archétypes
En fonction du modèle de hiérarchisation des Touts tel que préconisé par Dane Rudhyar, nous pouvons considérer une ère comme une énergie hôtesse qui recevra deux catégories d’énergies invitées pendant toute la durée du cycle. L’énergie hôtesse s’apparente analogiquement à une maison habitée par un maître du lieu. Lorsque les invités sont reçus au domicile, ils se comportent en invités et non pas en seigneurs des lieux. Ce qui signifie que les énergies invitées n’auront jamais droit à la préséance tant qu’elles resteront dans leur cycle d’invitées. Par contre, elles ont du caractère et peuvent aussi s’affirmer, voire colorer les échanges entre l’hôte et ses invités. En d’autres termes, les énergies invitées se comporteront toujours en énergies vassales si on peut employer cette comparaison mais, de temps à autre, elles épouseront la coloration de leur hôte ou afficheront une complémentarité indiscutable. « Qui s’assemblent se ressemblent », dit le vieux proverbe. Le modèle proposé dans cette recherche analysera comment des énergies invitées à travers des cycles mineurs ont dû coopérer avec leur hôte qui dans ce cas-ci portait le nom d’ère des Poissons-Vierge. On peut donc d’ores et déjà qualifier les cycles de 180 ans et les microcycles de 15 ans comme des énergies invitées à coopérer au schéma évolutif d’un patron global.
En réfléchissant sur la pertinence du modèle, il serait judicieux de garder en mémoire que l’ère des Poissons reste indissociable de son opposé polaire, la Vierge. Une étude approfondie du culte marial notamment à partir du début du christianisme jusqu’à la proclamation de l’Année Mariale en 1954 corrobore ce constat. On ne peut séparer la Vierge des Poissons durant les deux derniers millénaires. Ces signes sont tellement imbriqués l’un dans l’autre qu’en exclure un, c’est réduire considérablement la portée de l’influence de l’autre. L’archétype Virgo a su s’imposer bien avant l’époque médiévale et son importance est telle dans la vie européenne qu’on ne peut l’ignorer. En effet, c’est la Vierge zodiacale qui a donné les vocables Notre-Dame du Ciel, Notre-Dame de la Lune et les innombrables toponymes qui en découleront, tant dans l’organisation des territoires civils que religieux (les paroisses).
Il nous faut cependant définir au préalable les paramètres symboliques et biologiques afférents à cette paire d’archétypes. Si nous parlons de la puissance d’influence de l’archétype Virgo, nous référons à une modulation énergétique qui vise à réaliser un processus de maturation quelconque à l’intérieur d’un espace perméable au constructif comme au destructif. En d’autres termes, Virgo discrimine ou devient apte à le faire. Quant à l’archétype des Pisces, il renvoie à une modalité rythmique représentant le passage définitif de la vie à la mort qui clôt un cycle.
Les opposés polaires sont indissociables
L’archétype constitue à la fois un exemple et une source; il révèle la forme subjective qu’il recèle tout en irradiant une énergie. En tant que vecteur de forces, il préside à l’organisation structurelle des cultures et civilisations qui s’actualiseront durant la manifestation. Un archétype constitue un champ d’énergies aux multiples potentialités, susceptibles d’inférer des modalités actionnelles sur les plans physique, émotionnel et mental de la Vie en manifestation. Comme les archétypes bipolaires renvoient à des processus interreliés, interconnectés, leur énergétique principielle peut être envisagée sous l’angle d’une homologie fonctionnelle, et ce, en vertu du principe de résonance qui caractérise la nature fondamentale des archétypes bipolaires tels qu’ils sont enchâssés dans le zodiaque constellaire. Aussi faut-il synthétiser l’action combinée de Pisces et de Virgo comme une combinatoire énergétique favorisant tous les processus reliés à la croissance et à l’entretien de la forme (individuelle et collective), ainsi qu’au développement de la conscience du principe christique dont ils sont les symboles et la manifestation. L’énergie de ces deux archétypes s’est aussi traduite par l’éclosion d’un idéal de bienveillance universel, consécutif à la reconnaissance du Christ historique perçu à la fois comme un modèle d’amour et de sacrifice inspiré. Sur le plan mental, ces deux paradigmes ont stimulé l’expansion de conscience planétaire en rendant possible l’élévation du niveau mental de l’Humanité dans son ensemble. En effet, depuis les cinq cents dernières années et surtout depuis le début du 20e siècle, jamais autant d’efforts n’auront été fournis pour faire reculer les limites de l’analphabétisme, de la pauvreté, de la malnutrition, des malades endémiques et épidémiques et autres problèmes majeurs qui assaillent la planète depuis des temps immémoriaux. Grosso modo, ce sont surtout dans les domaines de l’éducation et de la santé (en tant qu’hygiène de vie) qu’il est possible d’observer la qualité d’infusion de ces deux archétypes. Les faits parlent d’eux-mêmes et nul ne saurait les contester. Mais là n’est pas l’essentiel de notre propos. Tout en reconnaissant l’immuabilité de la double matrice Pisces/Virgo, nous entendons démontrer dans les lignes qui suivront comment les développements significatifs ont été par ailleurs modulés par l’interaction de deux sous-cycles relevant d’une division rythmique par douze. Examinons le découpage de l’ère des Poissons-Vierge. Rudhyar a découpé la séquence à sa façon, nous proposons un autre découpage. Il appartiendra conséquemment au lecteur de tirer ses conclusions quant à la pertinence du modèle qu’il retiendra. Il faut cependant retenir le mode de hiérarchisation des énergies suivantes :
- Le sixième rayon coiffant l’ère des Poissons–Vierge;
- Les régents du signe des Poissons (Jupiter, Neptune, Pluton);
- Les régents de chacune des 12 périodes de l’ère;
- Les régents des 12 phases de la période retenue.
Toutes ces énergies travaillent ensemble, mais toujours en fonction de la préséance arrêtée ci-haut. Le rayon demeure le premier moteur d’influence au plan planétaire. L’histoire l’a démontré amplement. Le rythme de croissance d’une ère ou d’un sous-cycle procède par imprégnation.
Le sixième rayon modulant l’activité de l’ère des Poissons
L’activité d’un rayon à la naissance d’une ère nouvelle se déroule en quatre temps. Il y a d’abord le contact avec les énergies anciennes, puis le conflit (nécessaire), ensuite l’ajustement et enfin l’équilibre.[2] Notons que ce ne sont pas les rayons qui sont en conflit, mais plutôt la substance énergétique et les formes impliquées pendant la période de transition. Or, la première chose appelée à changer lors du changement d’ère, c’est la culture. Nous y reviendrons. Lorsqu’un rayon entre en activité dans la psychosphère planétaire, il met en branle trois aspects majeurs de l’évolution. De un, il change la civilisation et la culture de l’humanité à une période donnée. Pourquoi? Parce que c’est la culture qui se transforme en premier. Il faut savoir que tout changement fondamental de qualité se produit du haut vers le bas « dans la mesure où la sensibilité des élites intellectuelles répondra en premier lieu aux influences nouvelles. » De deux, « le nouveau rayon produit aussi des changements dans les autres règnes de la nature, amenant en manifestation une qualité différente de l’âme de chaque règne. »[3] Enfin, le nouveau rayon provoque des changements en regard du type d’égos appelés à s’incarner pendant sa période d’activité. Ce qui signifie qu’une majorité d’âmes du sixième rayon a cherché à s’incarner pendant cette ère. L’une des caractéristiques majeures du sixième rayon demeure liée au désir. Pendant toute la durée de l’ère des Poissons, les guerres ont été basées sur le pouvoir d’attraction des possessions, assorti du caractère agressif des motifs qui les ont déclenchées. Bien entendu ici, il s’agit de la tendance négative du sixième rayon.
Le découpage d’une ère
Ère : 2,160 ans
Ce cycle est divisible en 12 périodes de 180 ans, chacune correspondant à la dodécatémorie primaire du signe des Poissons.
Dodécatémorie primaire de l’ère des Poissons-Vierge
Datation des 12 périodes
Bélier -150 à + 30
Taureau 30 à 210
Gémeaux 210 à 390
Cancer 390 à 570
Lion 570 à 750
Vierge 750 à 930
Balance 930 à 1110
Scorpion 1110 à 1290
Sagittaire 1290 à 1470
Capricorne 1470 à 1650
Verseau 1650 à 1830
Poissons 1830 à 2010
Examen de certains événements marquants
Période Bélier (150 av. J.-C. à 30)
Posons quelques dates importantes. 146 : troisième guerre punique et défaite de Carthage. Assassinat des frères Tiberius et Caïus Gracchus. 71 : révolte des esclaves à Rome sous la conduite de Spartacus. 62 : Columelle propose le calendrier météorologique romain le plus complet. 58 à 51 : conquête des Gaules par César et reddition de Vercingétorix à Alésia. 44 : César est nommé Imperator. 27 : Auguste prend le pouvoir suprême. 11 : l’empereur Auguste émet un décret interdisant de consulter les astrologues sur la mort de hauts personnages de l’État.
En accord avec le côté belliqueux du signe, la violence politique caractérise cette période. Examinons les faits à la lumière des crises qui l’ont traversée. La première grande crise relève de la question agraire. Toute l’histoire de la Rome antique pourrait se résumer en termes de constante expansion territoriale, dictée à la fois par le besoin de se défendre et surtout par la volonté d’assujettir le bassin méditerranéen à son influence. À l’origine, Rome est une bourgade assez frustre, mais qui deviendra au fil des siècles la capitale de l’Occident. La première grande crise découlant du changement d’ère a trait à la question agraire. Nous la résumerons ainsi. Il faut bien comprendre qu’à l’origine, l’Italie n’est pas un pays unifié.
En cherchant à s’étendre, Rome s’est mise à subjuguer progressivement l’Italie par la force des armes et à s’accaparer une partie du territoire du peuple vaincu. Ce faisant, les citoyens les plus riches réussirent à s’accaparer la plus grande partie des terres incultes ou non en les regardant comme des propriétés inamovibles. Ils poussèrent la rapacité jusqu’à l’acquisition des terres avoisinantes appartenant à de petits propriétaires, soit par la persuasion ou encore la violence. Parallèlement à cet empiétement, la main-d’œuvre servile était préférée aux travailleurs libres, car les guerres avaient ramené dans le giron de Rome une énorme quantité d’esclaves, et ce, à partir des guerres puniques notamment. La conséquence directe des guerres d’expansion entraîna l’appauvrissement de la population libre. S’ensuivit la réduction de citoyens libres et l’incapacité pour Rome de mobiliser des soldats pour d’autres guerres, ce qui alarma Tiberius Gracchus.
Les Gracques : premiers sauveurs de la République
Des Gracques jusqu’à Octave/Auguste, vont apparaître successivement avec des motifs pas toujours teintés d’une éthique irréprochable plusieurs « sauveurs », parfois se sentant eux-mêmes appelés à la restauration de l’ordre et de la bonne gouvernance, parfois appelés à la rescousse par le Sénat. Tiberius Gracchus est le premier de ces hommes sensibles aux besoins et aux doléances du peuple qui cherchera à entreprendre les réformes nécessaires à la survie de la République. Accédant à la magistrature en -134 avant J.-C., il proposera trois articles de loi (la rogatio Sempronia) visant à réformer le système agraire romain. Un : en limitant la possession individuelle de l’ager publicus, mais en augmentant la superficie des terres disponibles pour les couples ayant plusieurs enfants. Deux : en nommant un collège de trois membres, élu par le peuple, pour faire appliquer la loi. Trois : en distribuant aux citoyens pauvres les terres récupérées. Malheureusement, les articles deux et trois de la loi suscitèrent le mécontentement et l’animosité des riches et du Sénat. Tiberius Gracchus paya de sa vie ce coup de force envers les forces conservatrices. Quelques années plus tard, son frère Caius Gracchus réussit à faire voter la loi frumentaire qui accordait à chaque plébéien de la classe des pauvres une mesure de froment une fois par mois. Au fil de ses charges politiques, il proposa de conférer la citoyenneté romaine aux Latins, de donner le droit latin aux autres Italiens et de fonder une colonie romaine à Carthage malgré l’interdiction sacrée de -146. Comme son frère, il fut assassiné à la suite de sa sédition contre le Sénat. La question agraire a suscité de violents affrontements entre citoyens : elle marque le premier épisode des guerres civiles qui vont assombrir le dernier siècle de la République. Sur le plan spirituel toutefois, se profile l’avènement des luttes pour la reconnaissance des pleins droits universels qui interpellera l’humanité durant toute l’ère des Poissons comme en témoigne l’article 25 A de la Déclaration universelle des droits de l’homme. « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement, les soins médicaux, ainsi que pour les services sociaux nécessaires. » Un dernier mot sur les Gracques. En supprimant ces deux leaders, Rome fit se dresser deux camps : ceux qui œuvraient pour l’évolution (les populistes) et ceux qui lui faisaient obstacle (les conservateurs) en s’accrochant à leurs privilèges. Un observateur attentif pourra faire remarquer qu’en ce début de l’ère du Verseau, les enjeux restent les mêmes.
Les principaux acteurs de cette période sont animés par une grande ambition de pouvoir. Les conflits arment les uns contre les autres. Le Bélier dans son aspect novateur, voire révolutionnaire, poussera les Gracques à entreprendre des actions visant à favoriser les plus pauvres par l’adoption de Lois agraires. Tous les deux paieront de leur vie pour des initiatives qui irriteront la classe sénatoriale et les possédants cependant qu’une partie de leurs réformes (considérées comme des idées nouvelles) ne pourra être abrogée. Signe d’ambition, les énergies d’Aries pousseront un César et un Octave vers la quête du pouvoir absolu. Le premier périra tandis que le second sera consacré Imperator. La combinatoire Poissons et Bélier entrelace la fin et le début. Cette alliance marquera la fin de la République romaine et le début de l’Empire, il faut bien le rappeler. Avec la chute de la résistance gauloise (Alesia), la romanisation des Gaules ne rencontrera plus d’obstacles. Rome a fini par assujettir tout le bassin méditerranéen. Feu vert à la Pax romana.
Si nous faisons la synthèse des énergies en présence, nous pouvons facilement déduire comment la compénétration des énergies à opérer.
Le sixième rayon a déversé dans la psychosphère du monde romain :
- Des idéaux de bienveillance envers le collectif, susceptibles d’être assumés par des leaders se faisant le porte-parole des revendications populaires.
- Un matérialisme exacerbé qui va creuser de plus en plus les inégalités sociales. Un intense appétit d’expansion territoriale qui se terminera par la soumission complète des rivaux de Rome.
- La montée en puissance des penseurs, des philosophes, des lettrés. Cette capacité de penser de façon autonome se généralisera durant toute l’ère des Poissons-Vierge et signera la montée de l’individualisme.
La tonalité Bélier de cette compénétration engendrera :
- Des chefs de guerre aspirant au pouvoir absolu. Ambition démesurée.
- Des hommes d’État fortement interpellés par le désir de bien « paraître » et de briller avec ostentation. César, Marc Antoine et Octave en ont été des exemples frappants.
- Une focalisation sur la pratique de l’art oratoire afin de parvenir à mieux toucher des ensembles collectifs précis (Sénat, chevaliers, plèbe). Il s’agit de savoir convaincre en regard des objectifs poursuivis.
- Une intolérance cruelle envers tout ce qui s’écarte de la pensée officielle. Une imposition de la volonté allant jusqu’à l’absolutisme. Ces épisodes portent le nom de proscriptions.
- La naissance du culte de la personnalité. Mettons en contexte quatre des points soulignés.
Commencées sous les Gracques, les guerres civiles s’intensifieront avec l’arrivée de Marius et Sylla. Elles se termineront par le triomphe d’Octave/Auguste, une fois sa victoire sur Marc Antoine décisive. Pendant ces longues années chaotiques, les vainqueurs éphémères procédèrent à des proscriptions visant l’élimination systématique de leurs adversaires. À Rome, la violence semble devoir et pouvoir tout régler. Ces purges de clans (ou de leurs figures marquantes) ont laissé le Sénat plus ou moins exsangue et l’ordre équestre a pu prendre un nouvel essor. Le second triumvirat sous l’égide d’Antoine, Lépide et Octave décrétera une autre proscription envers leurs plus importants adversaires. L’historien Appien parle de 300 sénateurs et 2 000 chevaliers mis à mort, dont Cicéron, assassiné au moment où il tentait de fuir.[4] Ces guerres, à toutes fins pratiques, constituaient des guerres de clan. Avec les clans regroupés autour d’un chef (Marius, Sylla, Pompée, César, Marc Antoine et Octave), on assiste au développement de l’esprit individualiste. Dès lors, et plus particulièrement sous le règne de César, on en vint à considérer, par la force des choses, que le salut de l’état dépendait du salut d’un seul. Il y a donc revirement politico-idéologique. Le culte de la personnalité commence à l’ère des Poissons. Beaucoup de ceux qui ont péri ont été lents à comprendre la nature de l’impasse à laquelle les acculaient les enjeux de ces guerres de clans. Or, chacun des clans pour triompher, ne serait-ce que temporairement, a dû s’appuyer sur la puissance dissuasive et active de ses légions.
La période Bélier en douze phases
Toute période ou sous-cycles de 180 ans demeure à son tour subdivisible en douze sous-cycles d’une durée de 15 années chacun. L’intérêt de ce fin découpage réside dans la quasi-précision chirurgicale relevant de la concordance analogique entre les événements observés durant le sous-cycle et son rejeton, le sous-sous-cycle que l’on peut considérer comme l’ultime acteur. Si nous prenons par exemple la phase Scorpion de la période Bélier du cycle de 180 ans de l’ère des Poissons-Vierge, nous constatons l’efficience remarquable du modèle astrologique.
Division de la période Bélier en sous-cycles de 15 ans chacun
– 150 à – 135 Bélier
– 135 à – 120 Taureau
– 120 à – 105 Gémeaux
– 105 à – 90 Cancer
– 90 à – 75 Lion
– 75 à – 60 Vierge
– 60 à – 45 Balance
– 45 à – 30 Scorpion
– 30 à – 15 Sagittaire
– 15 à + 0 Capricorne
+ 0 à 15 Verseau
15 à 30 Poissons
La phase Scorpion de la période Bélier débute en l’an 45 av. J.-C. pour se terminer en l’an moins 30. Comme il a été précisé plus avant, cette phase dure 15 années. Des énergies Scorpion dans une matrice Bélier ne peuvent qu’être très fortement influencées par la nature belliqueuse de ces deux signes. C’est en d’autres termes : la guerre dans la guerre. La recension des faits survenus pendant cette période de la République romaine s’avère très significative. Nous avons choisi cette partie du monde et cette période historique, car elle a été très abondamment documentée.
Examinons les faits. Comme l’écrivait Appien : « C’est la violence qui règle tout. » En considérant la période historique allant de 133 à 31, les propos du penseur s’avèrent incontestables. Mais encore plus spécialement aux quinze années imparties à la phase Scorpion (microcycle). Le rappel des événements est éloquent. Nous l’avons à dessein réduit au minimum. Des centaines de milliers d’hommes s’affronteront sur les champs de bataille. Des renversements d’alliance seront suivis par de lourdes représailles durant lesquelles des milliers d’esclaves ou de sympathisants des deux camps trouveront la mort. La lecture de cette période sombre de l’histoire de Rome est fort instructive.
Voici les événements plus marquants :
César est assassiné en 44, ce qui fera plonger Rome dans une nouvelle guerre civile de treize ans.
Cicéron rédige une autre Philippique dans laquelle il s’en prend violemment à Marc Antoine. Nous sommes en 43.
Mise en place du second triumvirat. Les proscriptions sont arrêtées qui entraîneront la mort (l’exécution) de 150 sénateurs et de 150 chevaliers. Cicéron sera du nombre des « supprimés » par vengeance.
Guerre déclarée entre Octave et Marc Antoine en 41.
Bataille d’Actium en 31 et défaite de Marc Antoine.
À l’instar de l’historien Marcel Le Glay, nous pouvons affirmer que la fin du microcycle scelle le sort de la République romaine.
La synthèse de la compénétration des énergies demeure très éloquente en vertu de la complémentarité des cycles concernés. Les Poissons inaugurent toujours une fin de cycle, le Bélier en provoque une alors que le Scorpion la détruit. Nous faisons donc face ici à trois signes pour qui la mort devient le moteur d’une profonde transformation. Tous les trois incorporent dans leur dynamique la mort comme principe de destruction en vue d’une reconstruction. La République romaine s’est petit à petit désagrégée en raison des nombreux conflits qu’elle a engendrés. La pacification des territoires et des cœurs est un idéal encore fort lointain. En raison de l’identification propre au signe du Scorpion, nous pouvons parler pour ce segment temporel de sur-identification à l’expérience pour ses acteurs. César recevra pas moins de 25 coups de dagues lors de l’assaut des conjurés, « les assassins se blessant eux-mêmes dans la confusion. »[1] Pour les perdants de ce microcycle, plonger la main dans une jarre à scorpions ou un panier rempli de serpents venimeux, ingérer un poison le plus souvent, concluait un funeste pèlerinage terrestre. Cléopâtre dut choisir entre l’une de ces trois options, toute en analogie avec le régent de la phase étudiée. Marc Antoine, pour sa part, s’asséna un coup de dague. La peur enfin s’insinua dans les camps de belligérants de sorte que les trahisons, les défections et les renversements d’alliance se succédèrent selon l’issue des batailles. Le Scorpion ne pouvait faire mieux.
Période Taureau (30 à 210)
Cette période correspond à la naissance du Haut-Empire romain. Elle est plus particulièrement marquée par la montée des inégalités sociales. L’opposition de fortune entre les ultra-riches ou plus ou moins riches et les pauvres devient flagrante. Les premiers sont qualifiés d’honestiores et les seconds d’humiliores. La fortune permet tout, la pauvreté bloque tout. Au plan social, coexistent deux sortes de plebs, la plebs dite frumentaria qui reçoit des « tessères qui permettent de toucher cinq boisseaux de grain. » [6] L’autre catégorie, appelée plebs infima ou sordida, n’a pas droit aux distributions gratuites de blé. Si on s’entend pour reconnaître au signe du Taureau une possessivité tous azimuts, une course aux profits, on doit cependant lui concéder une facette plus lumineuse qui, elle, s’investira dans le domaine des sciences médicales. Car le Taureau est aussi concerné par la saine hygiène de vie et la guérison des dysfonctions organiques. L’histoire de cette période a retenu de grands médecins dont Héliodoros qui développa une technique de torsion des vaisseaux pour contrer les hémorragies. Un Galien pour sa part se spécialisera dans l’étude des problèmes osseux et de la musculature du pied. Certains praticiens comme Antyllos et Celse rédigeront des traités ayant pour base la chirurgie de première ligne. On voit donc ici comment l’intrication Poissons, premier moteur de développement de l’ère, infusera ses idéaux curatifs dans une praxis médicale novatrice (Taureau/entretien et restauration optimale de la forme corporelle). L’Empereur Auguste imposa pendant son règne la Loi sur le mariage. Nous sommes en 18 av. J.-C. Cette loi interdisait, entre autres, le célibat aux hommes entre 25 et 60 ans et les femmes entre 20 et 50 ans. Si les ménages sans enfant étaient suspects et discrédités, les ménages féconds se voyaient accorder certains privilèges. Cette période amorça une certaine intolérance à l’égard du relâchement des mœurs. Les idées libertariennes seront prises à parti. Trop parler sur des sujets délicats ou jugés scandaleux pouvait entraîner l’exil. Pour avoir écrit l’Art d’aimer, Ovide fut incité à s’exiler à Tomis sur la mer Noire. À tout le moins, les 45 dernières années de ce cycle taurien mettront en lumière trois choses. Un : la fragilité des frontières à l’Est qui s’effondrent sous la poussée des invasions barbares. Deux : l’apparition de la grande peste qui fit un million de victimes dans l’Empire dont de brillants généraux et l’Empereur Marc Aurèle. Trois : en raison de l’inefficience de l’appareil militaire à défendre les frontières, l’Empire dut se militariser. On créa d’autres légions. Signalons quelques dates clés. 64 : Début des persécutions à l’endroit des chrétiens. 95 : Écriture de l’Apocalypse. 146 : Ptolémée écrit sa Géographie.
Si nous faisons la synthèse des énergies des Poissons avec celles du Taureau, nous pouvons constater une stimulation du plan matériel de l’existence pendant cette période. Les Poissons avec la thésaurisation, avec en sus la recherche d’un train de vie luxueux à Rome et le Taureau avec l’appétit irréfréné pour l’appropriation de territoires ou d’objets de grande valeur. Or, le chercheur Jacques-Émile Émerit a bien démontré la relation existant entre la Vénus du Taureau et la respiration. Si l’activité virale de la peste affecte notamment le système respiratoire, comment s’étonner de l’apparition d’une pareille épidémie ayant trouvé un terreau aussi propice pour se propager dans toutes les parties de l’Empire.
Période Gémeaux (210 à 390)
212 : la citoyenneté est accordée à tous les hommes libres de l’Empire. 222-235 : L’empereur Alexandre Sévère projette de fonder à Rome une École officielle de l’astrologie pour mettre fin au règne des charlatans. 240 : Manès se présente comme le chef spirituel de la nouvelle religion du Paraclet. Au cours de cette période, les trois religions sœurs issues de l’astrothéologie iranienne – le mithracisme, le mandéisme et le manichéisme – connaissent une forte expansion dans l’empire romain. 313 : par l’Édit de Milan, les empereurs Valerius Constantin et Licinius reconnaissent la liberté religieuse. 330 : Constantinople, nouvelle capitale impériale. À partir de 357, les astrologues deviennent suspects et les devins aussi. Sous Constante II, de terribles procès sont intentés contre ceux qui donnent dans la prescience. Début des grandes invasions : les Huns franchissent la Volga vers 370. Cette période peut être considérée comme l’âge d’or de la traduction. Tous les ouvrages de valeur sont traduits du grec au latin, ce qui en assurera la pérennité. Cette période amplifie les divisions au sein de l’Église catholique au sujet de la nature du Christ. Était-il homme ou Dieu? Les évêques s’affrontent sur cette question qui enflammera encore les esprits jusqu’au Concile d’Éphèse en 449, au cours duquel les deux partis en vinrent à une violence telle – pour ne pas dire cruauté – que Saint Flavius, assailli à coup de pied par l’évêque Diodore, succomba à la suite des blessures subies.[7] Cette simple séquence illustre comment l’intolérance propre à l’ère des Poissons-Vierge (son côté sombre) peut être amplifiée durant une période gémellaire, période qui promeut la diffusion des idées par la simple parole ou encore par les écrits.
La période Gémeaux voit par ailleurs naître une seconde capitale, Constantinople. La dualité gémellaire produit symboliquement parlant deux frères : l’Empire romain d’Occident et l’Empire romain d’Orient. Il y encore plus, la gouvernance passera de deux empereurs – deux pour l’Occident et deux pour l’Orient – à quatre. Ce mode de gouvernance sera appelée la Tétrarchie. Elle sera promue par Dioclétien en 286. De la sorte, « le système comporte une double subordination : chacun des deux Augustes a, à côté de lui, un César qui est considéré comme son fils. »[8] Cependant, l’événement majeur de cette période se situe en l’an 313 par la proclamation de l’Édit de Milan, une mesure par laquelle Constantin accorde aux chrétiens le droit de pratiquer la religion qu’ils préfèrent. Le christianisme devient donc une religion d’État. Constantin doit maintenant réussir à concilier, voire ÉQUILIBRER, la coexistence de deux religions, ce qu’il parviendra à faire avec un certain doigté. En faisant cela, il opère durant la phase Balance du cycle Gémeaux. Fait à considérer, les persécutés d’hier vont devenir progressivement les nouveaux persécuteurs. L’intolérance changera de camp. Enfin, en regard de la production littéraire, les textes religieux prennent leur envol. Les auteurs chrétiens reconnaissent l’existence du Soi Supérieur (l’âme), l’autre Frère, ce qui relève de la dynamique spirituelle de la signature Gémeaux.
Si nous délaissons la période romaine pour examiner la période Scorpion de l’ère des Poissons-Vierge, nous trouverons les mêmes caractéristiques d’imprégnation en étagement. Examinons la phase Gémeaux de la période Scorpion qui s’étend de 1140 à 1155.
Période Scorpion
Une fois divisée, cette période nous donnera les phases suivantes :
1110 à 1125 Bélier
1125 à 1140 Taureau
1140 à 1155 Gémeaux
1155 à 1170 Cancer
1170 à 1185 Lion
1185 à 1200 Vierge
1200 à 1215 Balance
1215 à 1230 Scorpion
1230 à 1245 Sagittaire
1245 à 1260 Capricorne
1260 à 1275 Verseau
1275 à 1290 Poissons
En accord avec l’archétype, nous devrions y retrouver des événements en concordance directe avec l’univers mercurien. Qu’en disent les annales de l’époque? Ce microcycle bien entendu a mis l’accent sur les processus de communication, de diffusion de l’information tout en relevant de la nature foncièrement idéologique du Scorpion et sur le caractère potentiellement destructeur du fanatisme propre au sixième rayon qui coiffe l’ère des Poissons-Vierge. Nous pourrions parler aussi de guerre de religion. Et d’absence d’inclusivité. Via l’union de Mercure (Gémeaux) et de Mars (Scorpion), la propagande religieuse se propage. À défaut de convaincre par la parole, l’épée prendra la relève.
Le seconde croisade sera lancée par le pape Eugène III en 1147 en recourant à la promulgation de la bulle Quantum praedecessores.
À partir de 1147, les Almohades d’Al-Andalus proscrivent la pratique du judaïsme et du christianisme dans toutes les provinces sous juridiction musulmane. Plusieurs Juifs seront décimés.
En 1154, le Zengide Nur ad-Din s’empare de Damas et s’élève contre les ennemis de l’Islam. S’érigeant en défenseur de l’orthodoxie sunnite, il s’en prend aux Chiites d’Alep.
Moins spectaculaire, mais tout aussi importante arrive la condamnation d’Abélard en 1140 par le concile de Sens. Ses enseignements sont jugés hérétiques. La liberté de pensée en matière théologique est désavouée.
Cette période stimulera par ailleurs le développement des universités européennes, les foires commerciales, les échanges entre le Nord et le Sud et l’émergence du chant polyphonique. Chacun de ces créneaux appartient au domaine des Gémeaux, ce signe qui assume la régence de la troisième phase de la période Scorpion.
Au plan d’une destinée individuelle, une phase ou microcycle peut s’avérer une sorte de tremplin propulsif pour des activités en lien avec la valence du signe concerné. Prenons pour exemple Hildegard von Bingen et examinons sommairement son parcours entre 1140 et 1155. Dans son Scivias, entrepris en 1141, elle consigne ses visions mystiques. Cette période littéraire se poursuivra avec fécondité pendant la durée du cycle. L’abbesse étudie constamment, approfondit les connaissances qu’elle touche et commence à les appliquer à la guérison. Elle enseigne et voyage. Elle fonde par ailleurs l’abbaye de Rupertberg entre 1147 et 1150 qui deviendra un modèle d’harmonie pour les futurs autres monastères. Sur le plan musical, elle compose et met à profit plusieurs œuvres musicales dont le raffinement vocal reste encore très prisé de nos jours. A défaut d’avoir encore plus de dates précisant ses nombreuses activités, nous pouvons présumer que la nature énergétique de cette phase l’a sûrement servie pour l’avancement de ses créations.
La période Verseau de l’ère des Poissons-Vierge s’avère par ailleurs très intéressante. Attardons-nous à la phase Scorpion de ce cycle.
Période Verseau
Division de la période Verseau en sous-cycles de 15 ans chacun.
1650 à 1665 Bélier
1665 à 1680 Taureau
1680 à 1695 Gémeaux
1695 à 1710 Cancer
1710 à 1725 Lion
1725 à 1740 Vierge
1740 à 1755 Balance
1755 à 1770 Scorpion
1770 à 1785 Sagittaire
1785 à 1800 Capricorne
1800 à 1815 Verseau
1815 à 1830 Poissons
Examen de la phase Scorpion
L’un des plus grands tests du ce signe est celui des appétits territoriaux et le désir de puissance. Examinons comment cette phase de la période Verseau de l’ère considérée a enregistré cette recherche de pouvoir.
En Europe
L’événement marquant de cette phase est sans conteste la guerre de Sept Ans. Cette guerre met aux prises deux coalitions de belligérants. Le premier camp est composé de la France, l’Autriche et la Russie et le second camp réunissant la Prusse, le Royaume-Uni et le Portugal. Le conflit débutera en 1756 pour se terminer en 1763. L’Amérique du Nord, la France et l’Angleterre sont déjà en guerre ouverte dès 1749.
En Amérique du Nord
La guerre coloniale entre la France et l’Angleterre bat son plein pendant ce microcycle. La Déportation des Acadiens en 1755 constitue un épisode funeste de ce conflit qui se soldera par la capitulation de Québec en 1759. Et par la signature du Traité de Paris en 1763. Fin du Régime français au Canada.
Autre aspect de la signature Scorpion : la mort par la maladie et particulièrement en temps de guerre. Signalons trois dates importantes. 1755 fut appelée l’année de la grande picote. Cette épidémie de petite vérole fut vraisemblablement transportée par les troupes ayant combattu à Carillon. Entre 1756 et 1759, une épidémie de typhus ravagea la colonie et décima les plus faibles. L’insécurité, la disette et la peur favorisèrent la propagation du virus. Enfin, en 1765, une autre épidémie dite sans nom ou de nature mystérieuse emporta plusieurs Canadiens.
La révolte de Pontiac
Une autre séquence historique de ce cycle obéit tout à fait à la nature de la période (la mise en branle des processus révolutionnaires) et les révoltes qui s’ensuivront. La rébellion de Pontiac s’inscrit dans la mouvance des revendications territoriales des nations autochtones qui ont été mises à mal à la suite de la guerre de Sept Ans. L’envahissement progressif de leur territoire par les colons anglo-américains irrite les premières nations de la région des Grands Lacs. Des conflits éclatent qui ne peuvent être résolus par les armes. L’administration britannique enchâsse donc les autochtones dans une zone dite de réserve, ce qui mécontent les colons qui veulent passer plus à l’Ouest. Les uns veulent préserver leur territoire alors que les autres veulent s’en emparer, ce qui incite le chef outaouais Pontiac à rallier les guerriers de plusieurs nations autochtones pour chasser les forces britanniques de la région. On ne peut que constater ici la présence latente de certains mécontentements qui entraîneront la révolution américaine. Nonobstant ces considérations, des événements (enregistrés subjectivement) se préparent toujours lors de la superposition de certaines énergies des cycles hôtes et des cycles invités qui entraîneront des effets subséquemment. Dans l’exemple donné ci-dessus, le cycle hôte est le Verseau et le cycle invité : le Scorpion. La dynamique de leur croisement demeure sans conteste de nature explosive. Un mot enfin sur cette guerre. Les Britanniques ont volontairement laissé des couvertures contaminées par le virus de la variole, espérant que les autochtones s’en emparent, les ramènent chez eux et meurent à la suite de la contagion. Bel exemple de guerre bactériologique.
Certains faits saillants durant la phase finale du cycle
Compte tenu de l’arrivée des médias de masse, les informations en tous genres abondent durant la phase finale du cycle. Il n’en tient qu’aux chercheurs de s’atteler à la tâche pour arrimer un patron astrologique aux événements majeurs qui les auront interpellés. Nous avons choisi de ne relever que quelques faits marquants attendu que l’essentiel de la démonstration a été fait plus avant.
Période Poissons, phase Scorpion – 1935 à 1950
La Deuxième Guerre mondiale s’inscrit en parfaite analogie avec la nature de la phase. Mise au point de la bombe atomique. L’affaire Roswell pour sa part mérite notre attention. Un équipage de vaisseau extraterrestre s’écrase volontairement dans les environs de cette localité. Le gouvernement américain s’emploie immédiatement à étouffer l’incident. La peur motive la décision de camoufler la vérité. Une compagne de désinformation sera menée pour discréditer ceux qui ont « vu » ou « ont été en relation directe » avec les faits. Début de la guerre dite « froide » entre le bloc soviétique et le bloc américano-européen de l’Ouest.
Période Poissons, phase Sagittaire – 1950 à 1965
Exploration spatiale. Aller dans l’espace devient prioritaire. Reconnaissance de la réalité extraterrestre par le Brésil. L’appel de l’infini résonne. Aspiration à vouloir « aller vers un ailleurs ». Concordance analogique irréfutable.
Période Poissons, phase Capricorne – 1965 à 1980
En analogie avec ce signe, la cristallisation et la décristallisation des institutions s’affrontent. De vieux régimes s’effondrent, remplacés par d’autres non moins despotiques. Qu’on pense à l’Iran et le Centrafrique. Crise du pétrole. Plusieurs pays accèdent à l’indépendance. La Chine entre dans le giron des grands et prendra toute sa place sous peu. Exacerbation des forces du matérialisme.
Période Poissons, phase Verseau – 1980 à 1995
Les faits parlent d’eux-mêmes. Effondrement du bloc communiste en Europe. Réunification des deux Allemagnes. Le mur de Berlin s’effrite. Nous pourrions allonger la liste des événements, mais nous ne le jugeons pas utile. Plusieurs vieux patrons de gouvernance commencent à se scléroser. Les masses aspirent à la liberté, à des structures étatiques leur garantissant bien-être, éducation, logement, soins de santé. Bref, elles demandent que la charte des Droits de l’Homme soit appliquée et respectée. Deux conceptions du monde s’affrontent : celle qui s’accroche viscéralement au passé et celle qui endosse les paradigmes de l’avenir. En dépit des reculs survenus par la suite, n’empêche que d’immenses progrès ont été accomplis pendant ce microcycle. Plusieurs moments sombres entachent cette phase dont le génocide des Tutsis au Rwanda et l’inaction de la communauté internationale.
Période Poissons, phase Poissons (1995 à 2010)
1er juillet 2002 : entrée en vigueur de la Cour pénale internationale.
Que faut-il déduire de ce découpage en microcycles?
Dans l’interprétation des événements historiques, nous faisons face à deux catégories d’acteurs. La première englobe les acteurs individuels qui peuvent infléchir aux cycles dans lesquels ils se meuvent une grande partie de leurs désirs. La seconde catégorie est le pôle collectif qui, au fil des siècles, est devenu plus influent. Qu’on pense aux mouvements de masse plus ou moins organisés sur la mouvance desquels ont surfé les leaders du moment. Acteur individuel et acteur collectif s’influencent mutuellement quoique dans certains cas, l’acteur tyrannique écrase toute velléité de résistance à l’ordonnance qu’il entend imposer au pôle collectif. Un acteur qui influe sur le collectif le fera en fonction des énergies mises à sa disposition. Il est régi par la Loi des cycles comme nous venons de la démontrer. Il évolue à travers la triple combinatoire (Rayon de l’ère, période et phase). Ensuite, il répond à sa ligne de rayons qui, si elle épouse celle de l’ère, lui fournira un tremplin ascensionnel. Pour le meilleur ou pour le pire, faut-il le souligner. Ensuite, il obéira aux énergies de son Ciel natal. Enfin, dans cet entrelacement d’énergies, il devra composer avec les énergies de la nation et le Ciel du lieu à partir duquel il choisira d’opérer. A ce chapitre des influences territoriales, nous ne disposons pratiquement pas d’informations à caractère historico-astrologique sauf pour quelques villes dont les signatures zodiacales sont données dans La Destinée des nations d’Alice A. Bailey. Dans le cas de la ville de Paris, par exemple, dont « l’âme est énergisée par la Vierge »[9], il serait possible d’établir un ordre de corrélations entre l’ère des Poissons-Vierge et le cultus marialis tel que promu à l’époque médiévale. Ce n’est pas sans raison que Notre-Dame de Paris est viscéralement rattachée à la culture de cet immense territoire urbain. Mais ce genre d’études n’a pas encore été fait. Nonobstant ces considérations, il faut signaler que toutes ces influences dépendent pour l’essentiel du « degré d’évolution qui détermine la réceptivité et la responsivité du mécanisme récepteur. »[10] Les acteurs (individuels ou collectifs) ne répondront aux influx que dans la mesure où ils peuvent les assimiler, ce qui suppose que l’énergie « traversera » les plans du mental, de l’émotionnel avant de s’investir dans une action quelconque, dernier stade du processus d’infusion. Or, ce processus vise à favoriser les expansions de conscience.
L’ignorance a reculé
La principale contribution offerte à l’Humanité par l’ère précédente pourrait se résumer par l’émergence progressive d’un très grand nombre de penseurs dans tous les champs d’expériences de la vie. Nous incluons ici l’ensemble des travailleurs culturels, engagés dans l’expression de la beauté, parce que l’évolution demande aux collectivités de faire don de leurs meilleurs éléments en vue de rehausser la qualité d’imprégnation des archétypes. Même le Moyen Âge sut entrevoir cette inférence en produisant des Rois chevaliers troubadours qui surent allier la volonté et le cœur. La pensée pragmatique, la pensée abstraite, la pensée scientifique, la pensée philosophique représentent le summum atteint durant ce mégacycle. Ce fut le stade le plus élevé de l’imprégnation d’un idéal visant à faire reculer les limites de l’ignorance n’importe où sur la planète. Toutes les périodes imparties aux douze sous-cycles de cette ère s’en sont chargées, de même que chacune des phases dont l’humble dessein porteur consistait à implanter des ferments de croissance (subjectifs) dans la conscience collective. Lorsque par le travail des penseurs, des sages, des savants ou des illuminés, ces formes-pensées, une fois objectivées, s’harmonisèrent avec le dessein imparti aux archétypes, elles servirent au mieux l’évolution. Mais lorsqu’elles furent perverties par des intentions égoïstes, elles ne purent que servir les forces réactionnaires et engendrer les tragédies que l’on connaît. L’étude de l’intrication de ces cycles nous permet immanquablement d’arriver à cette finesse de compréhension. Une grande partie des expansions de conscience survenues pendant cette ère l’a été grâce à l’apport des énergies du Verseau-Lion qui ont commencé leur processus d’imprégnation durant la seconde moitié du troisième décan de l’ère dont nous venons de parler. Ainsi, s’interpénétrèrent ce qui s’en allait et ce qui arrivait.
Dans n’importe quel système symbolique, le symbole joue un rôle capital. Il voile une énergie dont il constitue le principe dynamique, une force rédintégratrice.[11] On peut aussi l’appréhender comme une source (une origine) d’où découle une multiplicité de termes et d’éléments qui sont ses surdéterminations. En ce sens, notre approche reconnaît d’emblée la primauté d’une énergétique générale, nous dirions principielle, qui préside à l’organisation de la Vie. C’est pourquoi elle considère naturellement les symboles-archétypes comme des entités énergétiques vivantes, au même titre que tout ce qui compose notre univers phénoménal sensible. Dans un premier temps, il nous fallait démontrer que les symboles-archétypes exerçaient une influence réelle dans une structure temporelle appelée cycle. Nous avons par la suite hiérarchisé ces cycles en examinant leur puissance d’intégration collective. Enfin nous avons souligné l’action idéomotrice des archétypes au sein de la psychosphère planétaire à partir du stade d’infusion jusqu’à la phase d’efflorescence. Ce faisant, nous sommes arrivés à la conclusion que les deux archétypes bipolaires de l’ère précédente possédaient un caractère unitaire, susceptible de transmettre une Idée originelle à des composantes structurales capables d’en actualiser les potentialités. Par conséquent, si chaque potentialité imprégnait l’Humanité du désir de trouver la connaissance, cette avenue indiquerait le salut, car tout élargissement de la conscience constitue déjà un gage de coopération avec l’évolution.
Jean-René Le Brodeur
[1] Le Glay, Marcel. Rome – Grandeur et déclin de la République, Perrin, Paris, 2005, p. 463.
[2] Bailey, Alice A. La destinée des nations, Genève, Éditions Lucis, 1992, p. 110.
[3] Idem, p. 111.
[4] Idem, p. 358.
[5] Le Glay, Marcel. Rome – Grandeur et déclin de la République, Perrin, Paris, 2005, p.327.
[6] Le Glay, Marcel. Rome – Grandeur et chute de l’Empire, Perrin, Paris, 2005, p. 213.
[7] Blavatsky, H. P. La Doctrine Secrète, Vol, 5, Paris, Éditions Adyar, 1982, p 161.
[8] Le Glay, Marcel. Rome – Grandeur et chute de l’Empire, Perrin, Paris, 2005, p. 513.
[9] Bailey, Alice A. La destinée des nations, Éditions Lucis, Genève, 1992. p. 71.
[10] Bailey, Alice A. L’astrologie ésotérique, Éditions Lucis, Genève, 1976 p.241-242.
[11] Retour à l’unité.
Sources consultées
Bailey, Alice A. La destinée des nations, Genève, Éditions Lucis, 1992, 137 p.
Bailey, Alice A. Traité sur les sept rayons, volume I, Genève, Éditions Lucis, 1972, 445 p.
Bailey, Alice A. Traité sur les sept rayons, volume II, Genève, Éditions Lucis, 1967, 718 p.
Bailey, Alice A. L’astrologie ésotérique, Éditions Lucis, Genève, 1976, 627 p
Blavatsky, H. P. La Doctrine Secrète, Vol, 5, Paris, Éditions Adyar, 1982, 351 p
Le Glay, Marcel. Grandeur et déclin de la République, Perrin, Paris, 2005, 514 p.
Le Glay, Marcel. Grandeur et chute de l’Empire, Perrin, Paris, 2007, 883 p.
Rudhyar, Dane. L’histoire au rythme du cosmos, Paris, Éditions universitaires, 1983, 250 p.
Sites Web
Wikipédia
L’Encyclopédie canadienne