Par Jacques Tondreau, chercheur
La proportion de personnes ayant recours à l’astrologie varie d’un pays à l’autre, leur nombre est toutefois en hausse à peu près partout depuis plusieurs années. Le courant du New Age des années 1960 et 1970 a largement contribué à remettre de l’avant des pratiques alternatives comme l’astrologie. Le développement d’applications pour ordinateur, téléphone intelligent (smartphone) et tablette mobile, a aussi créé les conditions pour une diffusion de masse de l’astrologie.
Un regain de popularité depuis plus d’une décennie
La plupart des sondages effectués auprès de la population dans de nombreux pays indiquent que le recours à l’astrologie est en hausse dans les dernières années. Une enquête réalisée le 30 novembre 2020 par la maison de sondage française Ifop montre l’engouement pour l’astrologie en France.
En 1981, 36 % de la population avait recours à l’astrologie, cette proportion a atteint un sommet en 1993 (46 %), pour chuter en 2000 (33 %) et remonter depuis (41 %). Plus globalement, en 2020, une majorité de Français (58 %) avait recours à au moins une des pratiques associées aux parasciences, selon la terminologie française, à savoir l’astrologie (41 %), les lignes de la main (29 %), la sorcellerie (28 %), la voyance (26 %), la numérologie (26 %) et la cartomancie (23 %).
Les données indiquent aussi qu’ont recours à l’astrologie les femmes (46 %) plus que les hommes (36 %)[1], les personnes de moins de 35 ans (45 %) plus que celles de 35 ans et au-delà (40 %), les personnes scolarisées en deçà du baccalauréat (45 %) plus que celles à un niveau supérieur au baccalauréat (38 %)[2].
Du côté des États-Unis, selon un sondage effectué en 2017 par le Pew Research Center, 29 % des adultes dans ce pays ont recours à l’astrologie[3] : les femmes (37 %) plus que les hommes (20 %), les personnes entre 30 et 49 ans (34 %) plus que les personnes âgées de 65 ans et plus (21 %), les personnes moins scolarisées (33 %) plus que celles ayant un diplôme d’un collège (22 %).
Aux États-Unis toujours, une proportion non négligeable de personnes considère que l’astrologie à un caractère scientifique. Dans un sondage de 2018, effectué par le National Science Board, un organisme gouvernemental, on observe que parmi la population sondée (1175 personnes), 7 % affirment que l’astrologie a un caractère scientifique et 30 % qu’elle a un caractère en quelque sorte scientifique, pour un total de 37 %.
En regroupant les données sur des périodes d’environ dix ans, on observe qu’entre 1979 et 1998, c’est 41 % des populations sondées qui affirment que l’astrologie est scientifique ou en quelque sorte scientifique, entre 1990-1990 la proportion baisse à 36 %, puis à 34 % entre 2001-2008, pour remonter depuis à 37 % entre 2010-2018.[4].
À qui profite le plus le regain de popularité de l’astrologie ?
Comme dans le domaine artistique, celles et ceux qui vivent bien financièrement de leur pratique astrologique semblent plutôt rares, la pratique de l’astrologie peut toutefois s’avérer très rémunératrice pour qui réussit à se faire connaître médiatiquement.
L’astrologue française la plus connue dans les dernières années, Christine Hass, jouit d’une visibilité médiatique fort importante : 100 000 exemplaires de ses prédictions astrologiques sont vendus chaque année[6], son site Internet attire près de 3,5 millions de visiteurs par mois et elle fait entre autres une chronique astrologique chaque matin sur la chaîne de télévision française RTL, dont l’audience s’élève à 1,5 million de personnes[7].
Un peu partout les astrologues ont vu une hausse des consultations astrologiques dans les dernières années, notamment depuis le début de la pandémie. Des astrologues américains ont révélé avoir constaté un enthousiasme tel pour les services astrologiques que leurs revenus ont bondi de 25% ces deux dernières années.[8]
Toutefois, ceux qui profitent le plus du regain de l’astrologie sont surtout les géants du Web. Sur Instagram, le compte @asthrology cumule plus d’un million d’abonnés; sur Twitter, le compte @leVraiHoroscope compte 3,2 millions d’abonnés. Snapchat ou encore Tiktoc ont aussi ce genre de comptes très populaires sur l’astrologie. L’application Co-Star est aussi emblématique de cette tendance: elle attire plus de 6 millions d’abonnés.
Il n’y a pas de doute, l’astrologie semble avoir le vent dans les voiles. Il reste à voir comment les astrologues professionnels réussiront à tirer leur épingle du jeu dans cette nouvelle donne.
Notes
[1] Une mise en garde est de mise sur cette plus grande proportion de femmes par rapport aux hommes. Pour le sociologue Jean Bruno Renard, les femmes sont plus sensibles aux pratiques de type divinatoire, ce qui les surreprésente dans les sondages touchant le recours à l’astrologie, alors que les hommes croient plus aux OVNIS et à la mythologie technico-scientifique. Voir Mathilde Fachan (2020), « Chronique : l’astrologie est-elle sexiste », Vanity Fair, 13 mars [En ligne].
[2] Ifop (2020), Les Français et les parasciences. Rapport d’étude pour Femme actuelle, 30 novembre 2020.
[3] Claire Gecewicz (2018), « ‘New Age’ beliefs common among both religious and nonreligious Americans », Fact-Tank. News in the numbers, Pew Research Center, October, [En ligne].
[4] John C. Besley, Ellis N. Brandt (2020), Science and Technology: Public Attitudes, Knowledge, and Interest. Science and Engineering Indicators 2020, National Science Board, National Science Foundation, Alexandria (VA).
[5] Adapté de John C. Besley, Ellis N. Brandt (2020), Science and Technology: Public Attitudes, Knowledge, and Interest. Science and Engineering Indicators 2020, National Science Board, National Science Foundation, Alexandria (VA). Voir sur le site Internet de l’organisation, le tableau S7-32.
[6] Elsa Mari (2018), « Astrologie : ‘Les gens aiment les bonnes nouvelles’, affirme Christine Haas », Le Parisien, 6 janvier [En ligne].
[7] Elsa Mari (2018), « Pourquoi l’astrologie fascine autant », Le Parisien, 6 janvier [En ligne].
[8] Anne-Marie Lobbe (2020, « Pourquoi la pandémie pousse-t-elle les gens vers l’astrologie ? », Noovo, 11 juin [En ligne]. Voir aussi Peter Hutchison (2020), « La pandémie pousse les Américains chez les astrologues », La Presse, 11 juin [En ligne].
Crédit photo : Sang Tan – Archives Associated Press
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Citation suggérée : Tondreau, Jacques (2022), « Le recours à l’astrologie : une hausse significative », Orian [site Internet].