Pour un enfant parti trop tôt
Une douleur qui se prolonge
Là où l’on pleure sans nulle consolation
Ton cœur sait faire pleuvoir des roses
Par Jean-René Le Brodeur, chercheur
De nos jours, l’idée d’un deuil à vivre a été reléguée loin en arrière de sorte que sous l’emprise de l’exigence de la performance professionnelle, son importance a été considérablement évacuée. Il n’y a pas si longtemps en Occident, certaines prescriptions relatives à la période du deuil étaient endossées par l’ensemble de la communauté comme le port de vêtement noir, le crêpe noir affiché sur le perron d’une maison dans laquelle la mort venait de passer. Durant le même temps, identifié comme une personne souffrante et intérieurement vulnérable, l’endeuillé et sa famille étaient pris en charge par la grande fratrie. On reconnaissait l’importance du cycle à vivre.
Aujourd’hui la montée de l’individualisme, la désacralisation des rites et des institutions, la recherche de la performance qui vise à transformer l’endeuillé en super héros triomphant du chagrin a fait du deuil quelque chose de dérangeant tout comme sa sœur, la mort, l’épouvantail dont on ne veut pas entendre parler. Car on ne sait pas trop comment en parler. A force de déni collectif, on en est venu à oublier que n’importe quel deuil a un début et nécessairement une fin. Et que son cycle majeur s’étale sur une période d’une année. Le cycle du deuil peut être comparé au déroulement des saisons, aux équinoxes et aux solstices, au rythme des relations cycliques entre la Terre et la Lune, la Terre et les planètes du système solaire. Ces cycles se déclinent en conjonction, carré croissant, opposition et carré décroissant. Ces phases relationnelles entre le Ciel et la Terre constituent des temps d’action et de réaction pour tout mouvement évolutif.
C’est donc dans cette perspective que nous aborderons la problématique du deuil contemporain en Occident. Cependant, considérant la vastitude du sujet et l’obligation de limiter notre analyse, nous avons choisi de privilégier le territoire du deuil consécutif à la mort d’un enfant.
Le deuil d’un très jeune enfant
La Tradition astrologique plaçait les tout petits sous l’influence lunaire de la naissance à l’âge de quatre ans. Passé cet âge, la planète Mercure prenait le relais jusqu’à quatorze ans. Cette période était appelée l’âge de la «puérilité». Quant à l’adolescence, sous l’égide de Vénus, elle se terminait à vingt-deux ans, Autre temps, autres considérations sur la nomenclature des âges de la vie. Retenons ces cycles d’influence. Tous les thérapeutes du deuil le reconnaissent : le deuil d’un enfant et le suicide d’un proche représentent les deuils les plus difficiles à surmonter. Et surtout pour les parents qui ne peuvent durant cette période s’appuyer l’un sur l’autre à moins d’avoir prévu le départ de l’enfant chéri, d’avoir eu aussi la sagesse d’acquérir des connaissances sur le processus du deuil et de solliciter l’aide dont ils auront cruellement besoin. Si les parents sont profondément affectés, la fratrie peut l’être tout autant. Des parents bouleversés, des parents qui pleurent devant les enfants vont d’abord affecter l’enfant qui n’a pas encore atteint l’âge de quatre ans. Cet enfant va ressentir énormément la douleur de ses parents. Presque à la manière d’une éponge. C’est pourquoi la fonction lunario-vénusienne chez lui devient si importante. Le petit aura toujours besoin d’être rassuré soit par un parent plus conscient, soit par un proche de la famille qui déploiera dans sa relation avec lui le rôle d’une maman protectrice en mode substitut. Cet enfant a besoin de sentir qu’il est encore plus profondément aimé. Encore plus démonstrativement aimé. Lorsque l’enfant est plus vieux, la fonction mercurienne devient capitale. Jusqu’à un certain point, l’enfant peut comprendre les implications d’un deuil, d’où la nécessité pour les parents éveillés d’expliquer ce qui se passe – la teneur du chagrin et la tristesse. On oublie trop souvent et presque toujours que les enfants sont des âmes en incarnation et qu’avant leur arrivée sur Terre, ils vivaient comme adultes dans le dévachan 1 . Si les parents peuvent utiliser les ressources de l’analogie, l’enfant saisira encore mieux la problématique de la mort, car tout ce qui vit a nécessairement une fin. Les parents doivent devenir des pédagogues en usant des ressources des secteurs trois, cinq, sept et huit. Et s’ils sont spirituellement ouverts, ils pourront puiser avec sagesse dans les ferments du secteur douze. La survenue d’un deuil sollicite le concours salvateur ou destructeur de plusieurs secteurs astrologiques. Par ailleurs, l’amitié chez les jeunes peut s’avérer un support précieux, car des enfants peuvent aider à guérir le corps émotionnel d’un camarade endeuillé. Les filles plus spécialement, en raison de l’ouverture de leur cœur, peuvent, sans en être conscientes, déverser sollicitude et compassion à l’endroit des endeuillés cabossés par la vie. Rappelons que la notion de deuil intervient aussi lors de la séparation des parents, lorsque ces derniers sont incapables de résister à l’ensemble des chocs émotionnels qui se dressent sur leur chemin tant ils sont rendus inaptes à puiser à la fois dans le côté féminin et masculin de leur nature. Les composantes de la filiation dans ce cas classique doivent absorber un second deuil, d’où l’importance du support des camarades. Ces «thérapeutes enfants» n’ont rien à dire, rien à faire de spécial, sinon être là, en supportant l’endeuillé durant les jeux et les échanges. Le regard connecté au chakra du cœur fait tout le travail cicatriciel des blessures intérieures.
Le deuil d’un enfant plus âgé
Lorsque les enfants ont franchi le cap de la douzième année – mais ceci n’est pas automatique – ils commencent à entrer dans une période d’affirmation personnelle et de détachement à l’égard des parents. Pour les garçons endeuillés, il sera difficile de parler de ses ressentis avec son père ou sa mère. Et ce d’autant plus que les idiosyncrasies rattachées à la virilité interdit de pleurer en tant que garçon. Une certaine conception du courage – toujours en vogue de nos jours – exige de se montrer «fort» alors que les garçons ont autant de larmes à verser que les filles. La fonction mercurienne de communication ici peut se déplacer vers un enseignant, un tiers, un ami de la famille, lequel pourra épauler le grand fils ou la grande fille dans la compréhension de toutes les étapes du deuil. Cette fonction mercurienne s’alliera, si elle est bien circonscrite – à la fonction saturnienne. En effet, la résolution d’un deuil est un processus qui s’étale dans le temps. Lorsque les étapes d’un deuil sont court-circuitées, les émotions peuvent être trafiquées facilement. Pour le père, l’interdiction qu’il se donne de ne pas pleurer devant ses proches, pourra se transformer en agressivité. L’énergie solario-mercurienne devient bloquée et supplantée par celle de Mars. Chez la femme, on pourra observer une exagération des larmes, car la colère aura été muselée. Un couple endeuillé par la mort d’un enfant doit avoir l’humilité d’aller chercher de l’aide. Il existe de nos jours des groupes de parents endeuillés qui s’entraident mutuellement. Les secteurs sept, onze et douze entreront naturellement en coopération.
Les grandes étapes d’un deuil
Viviane Archambault, psychothérapeute du deuil, a divisé le processus de résolution ou transmutation d’un deuil en quatre grandes étapes ou quatre saisons. Nous suggérons fortement aux astrologues la lecture de cet ouvrage intitulé Le Deuil au fil des saisons. La thérapeute nomme ainsi les sous-cycles de la guérison émotionnelle :
L’automne ou le choc et la négation / phase 1 du cycle
L’hiver ou l’expression des émotions – les choses non finies / phase 2
Le printemps ou le pardon / phase 3
Et l’été ou le laisser partir – l’héritage / phase 4
D’un point de vue astrologique, nous sommes totalement en accord avec ces quatre cycles dans la vie d’un endeuillé. Cependant pour un astrologue, la permutation des saisons s’imposera d’emblée puisque n’importe quel deuil débute dans une phase symbolique appelée Bélier. Ainsi les quatre étapes dans la résolution d’un deuil sont comparables aux cycles de la conjonction, du carré croissant, de l’opposition et du carré décroissant. Chaque étape de ce cycle est nécessaire pour arriver à se désinvestir du chagrin causé par la mort d’un être cher. Bien entendu, si le processus est bien vécu, la phase finale du deuil permettra d’atteindre une sorte d’illumination intérieure entre la phase carré décroissant et retour à l’an deux du deuil. Si, au contraire, le deuil a été planqué dans son sac à dos comme une petite pierre agaçante, enrobée par le déni, il sera oublié jusqu’à un certain point, quitte à resurgir plus tard hors du placard des deuils non réglés. Analogiquement parlant, les quatre phases ou saisons du deuil peuvent être analysées à partir du patron astrologique des signes cardinaux. Ces phases s’actualisent de trimestre en trimestre.
La phase Bélier débute immédiatement lors du départ d’un proche ou d’un enfant. Le Bélier initie un nouveau cycle que l’on pourrait qualifier de cycle de re-création personnelle. En effet, il faudra apprendre à «vivre sans l’Autre», à ne plus le voir, l’entendre, le toucher ou le chérir sur le plan physique. En analogie avec les énergies du signe, deux options se présenteront aux parents endeuillés : la colère, le ressentiment, la frustration, l’incompréhension et toutes les autres émotions liées au départ de l’enfant. Ou encore : la volonté de traverser l’épreuve avec courage et foi en l’avenir. Mais peu de parents y parviennent sereinement s’ils n’ont pas été préparés à cette fin. Au plan spirituel, le Bélier est connecté à la Volonté cosmique et une Volonté individuelle qui tendra à s’unir à la Volonté Supérieure acquerra la puissance d’un aimant, de sorte qu’elle pourra faire venir vers elle toute l’aide dont elle aura besoin pour traverser les quatre phases du deuil.
La phase Cancer ravive invariablement les souvenirs et la plongée dans le passé. C’est ici que les endeuillés peuvent retomber dans les affres du souvenir. Chez certains, pendant cette phase du cycle, il peut y avoir complaisance à cultiver le chagrin. En effet, sur le plan analogique, durant la phase Cancer – et ceci est propre à ce signe –, l’individu devient extrêmement sensible aux impacts qui l’atteignent de tous côtés. Ce qui le fragilise par ailleurs, c’est sa capacité de répondre aux stimuli en provenance des quatre points de l’horizon. Et ces stimuli émergent de la boîte à souvenirs. Cependant si les parents ont entrepris un processus d’alignement spirituel par la méditation notamment, ils seront beaucoup moins sensibles à ces déferlantes émotionnelles. Ils chemineront dans l’étape de l’amour vrai et inclusif qui transcende les perturbations de la personnalité.
La phase Balance consiste à devoir apprendre à vivre RÉELLEMENT sans l’autre. Bien vécu, ce sous-cycle peut instaurer un nouveau rapport avec le disparu en le maintenant dans le cœur et en dialoguant avec lui dans une attitude d’équilibre et d’harmonie intérieurs. La troisième phase amorce une remontée vers la Lumière, car en analogie avec ce signe, cette période peut en être une durant laquelle la personnalité rassérénée devient contemplative, à la fois de son présent, de son passé et de son futur. C’est l’étape de la compréhension par l’introspection apaisante. Ou du moins, elle devrait l’être si le couple est exempt de fissures dans sa relation. En effet, cette période fragilise un couple qui n’a pu retrouver sa stabilité émotionnelle en traversant les premiers 180 jours du deuil. Rappelons – et ceci est connu depuis longtemps – que l’homme et la femme ne vivent pas le deuil de la même manière.
La phase Capricorne amorce la fin de la période inhérente à la résolution d’un deuil. Le Capricorne est un signe ambivalent si on le relie au processus global. Il constitue un signe de cristallisation ou d’illumination. Soit l’endeuillé est incapable de se détacher émotionnellement du défunt, soit il devient capable de le contacter à volonté à travers les rêves, la méditation ou la clairvoyance bien qu’ici certaines restrictions soient imposées aux contacts entre les Mondes. Et encore faudra-t-il que les fenêtres d’opportunités soient présentes. Ce cycle propose deux alternatives tout à fait opposées : dépasser les limitations du deuil, le transcender en quelque sorte ou s’accrocher au sentiment de perte en cultivant l’amertume, l’auto-apitoiement et autres sentiments blessés. Pour les endeuillés qui résistent à la guérison de leur corps émotionnel, il faut poser la question suivante. Peut-on continuer à souffrir au-delà de tout ce qui est concevable devant la mort d’un enfant? La réponse est non. La raison s’explique ainsi : «Il y a un point dans l’esprit cosmique que l’Ego ne peut pas dépasser sans changer complètement la position des molécules d’un centre du cerveau du corps qu’il utilise». 2 Dit en d’autres termes, il existe un point de rencontre où les extrêmes appelés douleur et chagrin se mutent en indifférence ou plaisir. Et vice-versa. Ce point focal de basculement découle de la grande Loi cosmique de préservation.
L’apport de la connaissance des rayons
L’étude de la science des rayons peut s’avérer instructive pour l’astrologue puisque muni de ces connaissances, il peut aider les endeuillés à mieux comprendre comment ils vont réagir face à un deuil. Les personnalités de premier rayon seront toujours les plus aptes à se détacher rapidement, car elles sont capables d’isoler leur chagrin, de s’en distancer. Elles sont fortement volontaires et guerrières. Elles savent composer avec la mort. De tous les rayons, le premier est le seul capable de traverser un deuil dans une forme d’isolement relatif. Il peut s’en sortir seul alors que la chose est impensable pour le second rayon. Les personnalités répondant aux énergies du second rayon éprouvent le plus de difficultés à se détacher d’un disparu. De fait, les types «second rayon» ne coupent jamais le lien affectif qui les unit à la personne aimée. C’est pourquoi ces individus glissent facilement dans la dépression, même bien entourés. Le mirage de l’attachement les emprisonne. Une psychothérapie spirituelle entreprise auprès d’un thérapeute ayant intégré la science des rayons peut s’avérer salutaire pour ces types de rayon, mais il n’existe pas encore de psychologues formés à cette science ou si peu. Les individus qui endossent le rayon trois comme véhicule de la personnalité peuvent traverser leur deuil à travers la qualité d’adaptabilité aux circonstances, qualité propre à ce rayon. Ces porteurs du rayon auront tendance à reconstruire plus facilement leur vie à la suite du retrait de la vie physique d’un proche. Réorganiser leur parcours existentiel avec un minimum de frictions devient plus facile. Les natifs du sixième rayon sont aussi fortement impactés que ceux du second rayon, car ils sont mus par l’idéalisme. Leur modèle de relation avec le disparu vient de s’effondrer et ils ont besoin de se connecter à un autre modèle de remplacement relationnel. Plusieurs natifs de ce rayon chercheront à s’appuyer de façon exagérée sur autrui. Les natifs du septième rayon, s’ils résistent à la cristallisation, chercheront à contacter le disparu. Ils établiront des contacts périodiques avec l’âme envolée. Ils ne traîneront pas leur deuil pendant très longtemps. Avoir confiance en leurs ressources profondes fait partie de leurs qualités. Les personnes du cinquième rayon sont davantage polarisées mentalement qu’émotionnellement. Chez certaines franges de ce rayon, le manque d’empathie envers autrui les dessert. Mais si elles résistent à l’étroitesse d’esprit, elles deviennent aptes à appréhender le processus du deuil dans ses menus détails. Quant aux personnalités animées par le quatrième rayon, elles peuvent partir en guerre contre la malédiction dont elles se sentent victimes ou entretenir indument une léthargie temporaire jusqu’à ce que la lumière de l’harmonie dissipe les ombres fallacieuses de leur conflit intérieur. Elles ont aussi tendance à se tourmenter plus que de raison. Mais peu importe le rayon dominant, traverser une période de deuil exige d’avoir une bonne réserve de courage lequel élargit l’horizon et replace le deuil comme une opportunité de croissance. Mais pour ce faire, il faut que le courage ait été développé par le passé, car son appropriation exige l’infatigabilité. Courage et volonté deviennent synonymes en quelque sorte. Le Bélier, le Lion et le Capricorne initient la Volonté spirituelle; on peut les associer par analogie au premier mois du deuil, au cinquième et au dixième. Si ces périodes sont bien vécues, elles garantiront une réconfortante guérison. Mais elles doivent être conscientisées comme telles. Et c’est ici que l’astrologue peut insuffler espoir et confiance à son entourage ou à une famille à laquelle il est liée par parenté ou simple amitié. Quelle est la mission d’un astrologue face aux endeuillés ? Elle est toute simple et pourrait se résumer à cette prière dont nous livrons ici un extrait :
Je suis aux hommes une voie de réalisation.
Je suis une source de force pour les soutenir.
Je suis un rayon de lumière, éclairant leur chemin.
Et ainsi, je demeure.
C’est pourquoi, par sa connaissance de la Loi des cycles, l’astrologue peut devenir un co-thérapeute de première ligne. Expliquons. Le deuil commence officiellement lorsque le décès est constaté, médicalement parlant. Pour un adulte qui s’oriente vers une mort assistée, le deuil pour les proches commence dès la verbalisation de la décision. Dans le cas des enfants malades, les leucémiques notamment, le deuil peut débuter lorsque l’enfant affirme être prêt à mourir; il peut le faire sans parler, juste par le regard. Les parents sensibles le sauront à cet instant. Un adolescent peut signifier aussi qu’il va partir. L’heure du deuil vient de sonner pour ses proches. L’astrologue doit donc noter ce moment qui correspondra au jour 1 du deuil. L’heure n’a pas d’importance ici, mais la journée, oui.
L’utilisation de la table des jours
Au cours d’un cycle annuel, il existe des jours que l’on pourrait qualifier de Jours de dispensation de la force curative. Un astrologue peut utiliser ces jours pour lui-même s’il devient un endeuillé ou les mettre à profit auprès des gens de son entourage familial ou amical. Il est fortement conseillé d’examiner la révolution solaire des endeuillés. Il s’agit d’une étape indispensable. Dans un deuxième temps, l’astrologue déterminera le Maître de l’année à partir duquel il dressera la table des jours dévolus aux chronocrates qui régiront le parcours de l’endeuillé. Cette table est issue de la Tradition. Ainsi, nous aurons la distribution des jours établie selon le schéma suivant :
Les 85 jours de Saturne.
Les 30 jours de Jupiter.
Les 36 jours de Mars.
Les 53 jours du Soleil.
Les 33 jours de Vénus.
Les 57 jours de Mercure.
Et les 71 jours de la Lune. 3
Le Maître de l’année, une planète, se trouve dans un signe quelconque. Cette planète amorcera la séquence de la distribution des jours. S’il se trouve une planète dans le signe suivant, on la prendra comme deuxième élément de la séquence et on lui attribuera le nombre de jours en rapport avec cette planète. On fera de même avec toutes les autres planètes jusqu’à épuisement de la séquence. A la lumière de cette distribution, il devient clair que certaines périodes seront plus propices à la guérison du corps émotionnel, alors que d’autres, comme celle impartie à Saturne, seront peut-être plus difficiles à traverser. Junctin de Florence explique très bien la façon de déterminer le Maître de l’année. On peut s’y référer à loisir. Comme ces connaissances relèvent d’une Tradition qui ne prenait pas en compte l’influence des trans-saturniennes, il faut donc les mettre quelque part. Par exemple, on attribuera la co-dominance d’Uranus avec celle de Vénus pendant la période qu’elle régit. Idem pour Neptune durant la période mercurienne. Et même chose pour Pluton pendant la période martienne. Les périodes vénusiennes, jupitériennes et solaires peuvent grandement favoriser la guérison si elles sont conscientisées telles par l’endeuillé. Un mot sur la période saturnienne : en aucun cas, elle doit être connotée négativement, car si l’idée d’une soumission absolue aux influences planétaires se fixe dans l’esprit de l’endeuillé, il tombera alors sous l’emprise d’un certain ordre de créatures irresponsables occupant toutes les sphères planétaires. L’efficience des chronocrates doit toujours être considérée comme relative puisque leurs énergies s’entremêlent à plusieurs autres durant la période qui leur est dévolue. L’astrologue doit faire preuve de discrimination ici tout comme la personne à qui il apporte son aide.
L’utilisation de la séquence des chronocrates
L’influence des chronocrates est basée sur la progression quotidienne du Soleil sur la base d’un degré par jour. Ainsi seront formés les aspects en relation avec le Ciel du commencement du deuil. Une fois les chronocrates arrimés aux jours qu’ils régissent, l’astrologue pourra s’attarder aux aspects curatifs qui deviendront des vecteurs d’influence sur la base numérologique et astrologique. Car il existe deux aspects d’une puissance prodigieuse nommés respectivement le tridécile ou le 108° et le biquintile ou le 144°. Nous suggérons aux astrologues de parcourir la section que Dom Néroman a consacrée à l’étude du nombre 108 4 dans son ouvrage intitulé La leçon de Platon. René Allendy a écrit par ailleurs de belles lignes à propos du nombre 144. Nous avons ici deux nombres magiques, deux nombres sacrés qui recèlent un potentiel de guérison exceptionnel – s’ils sont investis notamment dans cette direction. Il faudra tenir compte de cette information lors de l’arrivée du cent-septième jour (du processus du deuil) et du cent-quarante-troisième jour pour placer l’endeuillé face à l’apport inestimable de ces journées. Soit les jours 107 et 108 et les jours 143 et 144, lesquels représentent une fois convertis en aspect astrologique le tridécile croissant et le biquintile croissant. Passé l’opposition, il faudra refaire le même processus curatif lors de la phase décroissante des aspects, lesquels doivent être maniés sur les trois niveaux d’expériences du vécu : le niveau physique, le niveau émotionnel et le niveau mental. Le psychothérapeute et l’astrologue peuvent faire beaucoup pour aider l’endeuillé durant ces jours de dispensation de la force curative. Le tridécile constitue un vecteur d’harmonie avec l’ordre cosmique, alors que le biquintile déploie un faisceau radiant propulsif à nul autre pareil lorsqu’il est bien assumé. Ces deux aspects font nécessairement appel à un travail psychique d’imagination créatrice et de visualisation. Ils pourraient être investis dans une thérapeutique mentale. Signalons cependant que pour entreprendre ce travail de «repotentialisation», l’endeuillé doit avoir impérativement éradiqué toute forme d’auto-apitoiement (narcissique) à défaut de quoi, les aidants perdent leur temps.
Les aspects relevant du nombre cinq
Cinq est le nombre de la connaissance souligne Dom Néroman, toujours dans La leçon de Platon. Le pouvoir dynamique de ce nombre allié à la séquence des aspects relevant du cinq peut être utilisé avec succès lors des jours propices à l’acquisition de connaissances, à la réflexion inhérente au processus de guérison du deuil. Comme ce nombre implique le mental, il inaugure un cycle axé sur la compréhension des états d’être (perturbés) afin de les transmuer en équilibre émotionnel, ce qui impliquera la dissolution progressive du mirage de l’attachement inconditionnel envers le disparu. La séquence de travail sur soi-même intervient dès le cinquième, le quinzième, le quarante-cinquième, le cent-cinquième, le cent-trente-cinquième et le cent-soixante-cinquième jour de deuil. Ce qui nous donnera les aspects suivants :
La conjonction à 5 degrés imparti à la position du Soleil lors du premier jour de deuil.
La conjonction large à 15 degrés.
L’octile (45°).
L’aspect de 105 degrés.
Le sesqui-carré (135°).
Et l’aspect de 165°.
Puisque ces aspects impliquent soit des carrés, soit de mesures amoindries de carrés, ils constituent des temps d’action susceptibles d’être actualisés dans les trois mondes (physique, émotionnel et mental). Ils impliquent d’abord des prises de conscience susceptibles d’être investies dans des actions dynamiques. Vivre un deuil suppose d’agir au mieux chacune des étapes de sa durée. La connaissance portée par le nombre cinq pourra provenir de lectures sur le processus du deuil ou de rencontre et d’échanges avec des thérapeutes du deuil. Dès qu’il y a prise de conscience, il y a modification du champ aurique. C’est donc dire que des chakras moins sollicités commencent à réagir au pouvoir mental de la volonté de guérir. La couleur verte est la couleur de la connaissance. Il serait bien pendant ces journées d’absorption de la connaissance de porter des vêtements de couleur verte ou une pierre précieuse ou semi-précieuse comme le jade ou la jadéite. Ou encore aller se plonger dans un bain de verdure dans un parc ou dans une forêt à proximité.
La gamme élargie des aspects relevant des degrés-jours
La connaissance des degrés-jours reliés aux aspects astrologiques dans le parcours annuel d’un endeuillé peut être investie dans plusieurs directions et à plusieurs niveaux d’expériences psychologiques. Certains jours sont particulièrement chargés en potentialités comme les jours 22, 33 et 66. L’étude du symbolisme de ces nombres affinera la démarche d’intervention de l’astrologue. Il faut savoir que le trente-troisième jour du deuil correspond à l’aspect de onzième, l’aspect «périscope», au gré duquel il devient possible de prendre de l’altitude face à la situation vécue – s’élever au-dessus des remous émotionnels en privilégiant le recours au corps mental dans le but d’orienter la démarche vers une plus large perspective de compréhension. Les journées à caractère karmique comme celles imparties aux septile, biseptile et triseptile peuvent fournir des oasis de réconfort. En plus de cela, l’endeuillé aura pendant une année douze occasions d’opérer un rachat karmique lors de l’opposition de la Lune à Saturne. Et ceci est d’autant plus nécessaire dans certains cas pathétiques où un parent est directement responsable de la mort de son enfant. Les exemples abondent dans les médias : un bébé oublié dans la voiture en plein été, un enfant qui se noie dans la piscine familiale, un bébé secoué jusqu’à la mort parce qu’il pleure trop, un enfant pointant une arme à feu sans en prévoir les conséquences, etc. Bien sûr, ces cas sont peu courants et il serait fort peu probable qu’un astrologue ait à aider des personnes confrontées à ce genre de situations. Mais un astrologue doit être prêt à y répondre, d’où l’importance pour lui de connaitre toute la gamme des aspects astrologiques à chacune de leur différenciation numérique.
La profération du AUM
Une autre façon d’apporter de l’aide à endeuillé consiste à déterminer sa dominante planétaire. Il faut viser juste ici – déterminer le vrai dominant –, car le travail curatif pourrait avoir des répercussions négatives sur les trois corps. Une fois le dominant trouvé, on accolera la note impartie à la planète sur la gamme musicale. Ceci fait, on invitera l’endeuillé à proférer le AUM sur la fréquence donnée. Ce travail propre à la sonologie aura pour effet de nettoyer les corps et de les aligner sur l’âme qui au final agira comme thérapeute.
Certaines écoles de pensée divergent dans la détermination de la correspondance Note/planète. Dom Néroman propose une séquence alors que Maëla et Patrick Paul en promeuvent une autre.
Voici la correspondance mise en valeur par Dom Néroman :
Lune Ré
Soleil Si
Mars Sol
Vénus Mi
Jupiter Do
Mercure La
Saturne Fa
Et celle indiquée par Maëla et Patrick Paul :
Mars Do
Mercure Ré
Soleil Mi
Vénus Fa
Jupiter Sol
Saturne La
Lune Si
Dans ce travail physico-psychique, l’astrologue devra par conséquent se fier à son intuition et à la sensitivité de l’endeuillé. Lui seul saura valider les effets curatifs des émissions sonores. La bonne correspondance apparaîtra avec les essais. Bien entendu dans cette expérience, la personne doit faire preuve de grande ouverture pour s’engager dans un processus curatif des plus occultes. Mais de telles personnes existent et à plus forte raison si elles possèdent déjà une culture musicale. La technique de profération du AUM est capitale, parce que «seul le pouvoir de résonance du AUM apporte l’harmonie parmi les vibrations discordantes»5 et n’est-ce pas là ce que recherche tout endeuillé. Les porteurs du R 1 (premier rayon) lorsqu’ils disposent de l’information concernant la puissance du SON AUM peuvent en tant que disciples l’utiliser judicieusement pour résoudre les problèmes reliés à la période de deuil.
En conclusion, il appert que tout astrologue a le devoir d’aider un endeuillé, ne serait-ce (au minimum) qu’en mettant à contribution la loi des cycles dont la connaissance dissipera les ombres de l’ignorance et les vicissitudes d’un parcours résistant à la consolation. Il est facile de redonner espoir et confiance à autrui envers la belle ordonnance cosmique. Car un deuil, comme nous l’avons souligné plus avant, comporte toujours un début et une fin. Il passera. Le savoir propulse vers l’avenir.
Ouvrages consultés
AUM, Association Agni Yoga
La leçon de Platon par Dom Néroman, Éditions Arma Artis
Le chant sacré des énergies par Maëla et Patrick Paul, Éditions Présence
Le deuil au fil des saisons par Viviane Archambault, Novalis
Les Enseignements du Temple, Volume 1, Éditions du 3e Millénaire
Traité des révolutions solaires par Junctin de Florence, Éditions des Cahiers astrologiques
Légende de la photographie
F. a pu aider deux de ses amis aux prises avec des problèmes survenus lors de la séparation de leurs parents. La profondeur de son regard irradie le pur amour-compassion comme les enfants peuvent en avoir durant certains moments propices. Les enfants – et c’est une certitude s’ils ne sont pas impactés directement – peuvent devenir des canaux de guérison pour leurs proches durant des périodes de deuil.
La mise en exergue
Extrait des paroles d’une chanson composée par l’auteur.
Remerciement
L’auteur tient à remercier Viviane Archambault pour l’explication de la problématique des endeuillés pendant la première année.
1 Dévachan : un plan d’existence (dans les mondes subtils), comparable au paradis décrit par les grandes religions
2 Les Enseignements du Temple, Volume 1 (2006), Les Éditions du 3e Millénaire, Sherbrooke, pp. 283-284.
3 De Florence, Junctin (1986), Traité des révolutions solaires, Éditions des Cahiers astrologiques, Paris, p. 116.
4 Il représente un Nombre solaire.
5 Association Agni Yoga (1995), AUM, Yerres, p. 18.
Addendum
Il faut savoir dire la vérité aux enfants qui, même en bas âge, poseront beaucoup de questions. Surtout au Salon funéraire s’ils y sont emmenés. Que répondre à un enfant qui cherche son grand-père à cet endroit et qui ne le trouve pas ? Nos sociétés ne savent pas encore comment parler de la mort, et comment en parler aux enfants. Voici des cas courants d’incapacité à fournir la bonne réponse. Parfois on ne disant pas la vérité, on fait pire.
Propos d’enfants
- Où est grand-papa ?
- Grand-papa est dans l’urne.
- Oui, mais comment il a fait pour entrer là-dedans ?
Problème : comment expliquer la crémation à un tout petit ?
- Où est grand-papa ?
- Grand-papa est au Ciel.
- C’est où le Ciel ?
Problème : les adultes n’ont aucune idée de ce qu’est cet endroit appelé «ciel». Comment alors bien l’expliquer aux enfants ?
- Où est papy ?
- Dans son cercueil. Il s’est endormi pour toujours.
Problème : l’enfant peut avoir peur de s’endormir et de ne plus jamais se réveiller.
- Où est papy ?
- Il est parti en voyage.
- Quand est-ce qu’il reviendra ?
- Il ne reviendra plus jamais : il est parti pour toujours.
Problème : l’enfant peut avoir peur de voyager ou de voir partir ses parents en voyage. La connaissance relative à la réincarnation est totalement mise de côté, par ignorance.